Lucien Blin photographe – Yonne – Puisaye – Saint Sauveur en Puisaye – Colette – Mézilles – Treigny – Sainpuits – Lainsecq – Sougères en Puisaye – Thury – Saints en Puisaye – Ste Colombe sur Loing – Perreuse – Lain – Levis – Moutiers en Puisaye – Ronchères – Fontenoy – Fontaines – Pays de Colette – Blin éditeur – édition Blin et Mouchon – édition Blin et Tournadre – édition Bergery – Saint Sauveur – éditions nivernaises – Photo Blin – Collection Maison de la Presse St Sauveur- Bourgogne – Blin – Mouchon – Tournadre – Bergery – L. Blin

Lucien Blin photographe
Lucien Blin (1879-1970) photographe de la Puisaye (Yonne) à l’époque de Colette, de 1900 à 1945. Ses photographies illustrent la Bourgogne du début du XXe siècle. Elles apparaissent dans des films, des livres, des publicités, souvent sous la forme de reproductions de cartes postales anciennes. Elles sont associées aux descriptions de Saint-Sauveur-en-Puisaye par Colette, femme de lettres, et à d’autres ouvrages concernant cette région particulière de Bourgogne.
Avec un sens aigu du cadrage et de la composition, Lucien Blin est un artiste exigeant et un photographe original qui n’a jamais voulu échanger sa lourde chambre photographique, son trépied et ses négatifs sur verre contre un autre appareil photo.
Une vie de photographe

Mariages & portraits
La noce et le photographe vers 1905

Photos de rues
St Sauveur, La Grande Rue vers 1905

Paysages
L’étang du château de la Folie années 1900
Réalisations

Lucien Blin,
un artiste maître de son destin
« Rien n’est impossible à qui veut vraiment. » Fernando de Rojas (La Célestine – 1499)
Lucien Blin s’était formé au métier de menuisier-ébéniste et avait ainsi commencé sa vie de jeune homme en 1894. Mais rien n’est écrit à l’avance et l’on peut toujours changer le cours de son destin. Il faut pour cela une volonté hors du commun ainsi qu’une confiance en son avenir et en ses capacités. Lucien Blin était sans nul doute doté de ces qualités. Attiré par les nouvelles technologies et pourvu d’un regard particulier sur son monde, il décide au tournant du siècle de faire de sa passion un métier. Il se rend alors à l’exposition universelle de Paris en 1900 et s’équipe d’une chambre photographique (chambre Folding à soufflet).
A l’instar des impressionnistes et de quelques autres artistes de la fin du 19ème siècle, Lucien Blin va emporter son lourd matériel (15 à 20 kg) en extérieur. Solidement fixé sur son vélo, il va parcourir les alentours de Saint-Sauveur-en-Puisaye à la recherche de paysages et de thématiques dignes d’être immortalisés.
Comme nombre d’artistes avant lui, le photographe a mené une double vie artistique : l’une de portraitiste, qui lui permet de subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de sa famille et l’autre plus personnelle, et peut-être aussi plus originale, de photographe de paysages et de photographe de rue. De Goya à Dora Maar, on ne compte pas le nombre d’artistes ayant dû faire de même. Certains en étaient très contrariés, comme Ingres dont les commandes étaient majoritairement des portraits et lui laissaient peu de temps pour ses expérimentations personnelles. D’autres, telle Dora Maar, ont montré un réel intérêt et un certain talent à l’aspect plus commercial de leur travail. Les portraits de Lucien Blin ne sont pas dénués d’intérêt, on y voit une certaine volonté de montrer le modèle « au naturel », détendu. Nous ne retrouvons pas les poses statiques, parfois sans âme, assez courantes à cette époque. On peut y voir des enfants aux larges sourires, sûrement savait-il mettre à l’aise ses modèles et prenait-il le temps nécessaire pour que le client s’habitue à cet étrange matériel peu répandu alors. A travers l’étude de ses photographies, nous découvrons que Lucien Blin connaissait les codes de son époque et qu’il savait tout aussi bien s’y plier que s’en éloigner quand il le souhaitait.
Comme le fera plus tard Doisneau, Lucien Blin compose des photographies de moments du quotidien. Il traverse les différentes thématiques de l’histoire de l’art avec sa chambre photographique : portraits, paysages, scènes de genre… Ces instants de vie mis en scène sont dus au temps de pose nécessaire, la photographie instantanée n’existe pas encore. Quelques secondes d’inactivité, d’immobilité sont obligatoires afin d’obtenir une photographie nette. Ces témoignages d’une époque et d’un lieu donneront matière à l’édition de cartes postales. On imagine assez aisément qu’une carrière d’artiste photographe loin de la capitale ne devait pas être simple et que le meilleur moyen de diffuser son œuvre était encore l’édition de cartes postales, d’autant plus que nous nous trouvions alors en plein âge d’or de cette pratique.
Un sens aigu de la composition, un grand respect pour ses modèles, une volonté de témoignage d’une époque et d’un lieu sont les aspects qui caractérisent le travail de Lucien Blin.
Des paysages animés ou dépouillés, des animaux du monde rural, des familles prenant la pose devant leur demeure, la vie de village sur la place de l’église, des gens au travail façon scène de genre. Lucien Blin est sans nul doute un artiste qui a choisi d’adapter son médium aux nouvelles possibilités de son temps.
Au cours de la découverte de ce parcours de vie et de ces photographies, vous apprécierez le travail minutieux de l’arrière-petit-fils de l’artiste, Patrick Meyer qui a patiemment réuni, classé et documenté l’œuvre riche de Lucien Blin.
Morgane Nannini, historienne d’art.
